Le 1er octobre 2006

Chère Professeur,

Je suis depuis une année l'évolution de votre site et j’ai lu avec beaucoup d'intérêt les commentaires des gens interrogés dans le cadre de votre recherche sur les pratiques du plagiat.

Il y a quelque temps, vous avez publié une lettre de la part d'un professeur. M. Gaël Le Boulch, qui voudrait que l'on mette les étudiants coupables de plagiat sur une liste noire qui serait diffusée à toutes les universités et instituts de recherche académiques de manière à leur bloquer toute chance de pouvoir continuer dans la recherche. Je veux bien que l'on réprime ce genre de comportement, surtout s'il s'avère régulier, manifestant un réel mépris des règles, mais j’estime simplement que la même sévérité doit être appliquée à tous les plagiaires, qu’ils soient au début de leur carrière académique ou déjà bien établis.

Or, il semblerait, d'après l'article que je viens de lire dans le British Medical Journal (http://bmj.bmjjournals.com/cgi/content/full/333/7568/594) que le plagiat soit non seulement relativement répandu dans le milieu académique, mais de plus, que beaucoup semblent s'estimer au-dessus de toute considération éthique. Il est vrai que, même pris en flagrant délit, ils n'encourent que de faibles blâmes.

Or, même si les tricheurs chez les chercheurs professionnels sont connus de leurs pairs, leur mise à l’écart est implicite et plutôt douce. De plus, ceux qui changent souvent d’institutions et de pays s’en sortent assez bien, et s'il s'agit d'une « star », il arrive très souvent que l’on traite l’affaire avec beaucoup de « tact », comme il a été recommandé à l’auteur de l’article du BMJ confronté une fois à ce cas de figure... C’est cela que j’ai beaucoup de mal à accepter.

S'il faut considérer les étudiants comme des adultes responsables de leurs actes, c'est d'autant plus le cas pour les adultes “seniors” que sont les professeurs et chercheurs professionnels. Que l'on commence donc, comme le demande l'auteur de cet article, par rendre publics les noms des professeurs et chercheurs professionnels qui plagient avant de vouloir faire preuve d'une sévérité telle à l'égard des étudiants qu'elle pourrait mettre en péril toute leur carrière.

Cette question de l’honnêteté intellectuelle et du respect du travail des autres me paraît absolument fondamentale pour le bon déroulement de la recherche académique. Je pense effectivement que les meilleurs travaux résultent du partage des idées et des papiers.

Voilà pourquoi je soutiens votre site, que je trouve excellent, et je vous souhaite beaucoup de succès dans votre croisade contre le plagiat!

Meilleures salutations,

Ariane Beldi
Doctorante
Université de Genève

//responsable-unige.ch