Bravo, Michelle, pour tout ce travail.

Je voudrais attirer l’attention sur un autre phénomène lié à Internet : ce que font les étudiants en cours pendant que le professeur parle, alors qu’ils sont connectés en wifi sur leur portable pendant le cours.

Difficile de passer derrière pour vérifier qu’ils ne sont pas en train de regarder les résultats du foot... Je dois admettre que, lorsque je suis à une conférence et que, tout d’un coup, l’orateur me passionne moins, il est tentant d’aller consulter mes mails et répondre à quelques-uns.

Mais, et c’est là que c’est intéressant, il faut arriver à intégrer cette dimension dans l’interaction directe avec nos étudiants.

Je l’ai fait pour l’instant ainsi :

a) En allant moi-même, avant le cours, voir ce que les moteurs de recherche sortent par rapport à des mots-clés, auteurs, phénomènes, exemples cités en cours.

b) En demandant aux étudiants qui ont leur ordinateur ouvert de se connecter et d’aller chercher, par exemple, une date, un éditeur, le prénom d’un auteur, le nom des inventeurs d’un concept, si j’ai un trou de mémoire ou si je ne sais pas répondre à une question.

c) En interrompant le cours de ma présentation pour leur faire chercher la suite, et en commentant en direct – sans voir l’écran : d’après ce qu’ils me disent – ce qu’ils trouvent.

d) Éventuellement, je débranche le vidéo projecteur de mon PC pour le brancher sur l’ordinateur de l’étudiant qui a trouvé une information pertinente pour la connaissance collective (une photo, par exemple, ou un schéma).


Ce n’est qu’un début, bien sûr. C’est plutôt sportif, mais plutôt agréable aussi de faire rentrer Google directement dans la réalité du cours.

Et cela contribue à partager une certaine forme de netethique, notamment par un recul amusé/critique par rapport à tout ce qu’on trouve sur le net.

Parce que notre génération est encore partagée entre le 20e et le 21e siècle, comme tu dis dans le clip chez Stéphane Bern, on crée ainsi une forme de connivence avec les étudiants sur la démarche – aller sur le net – et sur ce qu’on fait du contenu.

Si l’on conjugue débrouillardise et éthique, le temps du web n’est plus subversif après le cours. Le pédagogue se réapproprie cette communication qu’eux, étudiants, maîtrisent . Car je profite de mon temps d’enseignant pour les conduire à la connaissance authentique: « Attention, ce schéma vous ne pouvez pas le reprendre sans citer la source », « Il y a des droits sur cette image », ou, au contraire, « ça, c’est du domaine public », etc.


En espérant ce témoignage utile, bien amicalement


Albert David
École Normale Supérieure de Cachan